Les grands défis

Dans un futur musée de notre époque, il y aura toute une aile dédiée aux pratiques extrêmes. Aux sauts dans le vide depuis les viaducs ferroviaires situés auprès des villages en voie de reconversion économique, par exemple, à l’art de glisser sur les infrastructures urbaines, aux mangeurs de l’extrême, aux convoyeurs de l’extrême, ou encore — et cela mériterait une salle à part — à la motivation extrême. À cette pratique qui consiste à se fixer des objectifs pour ensuite être pris de vertige devant l’abîme qui nous en sépare, puis à se nourrir méthodiquement de ce vertige pour provoquer des états de conscience altérée susceptibles de combler le gouffre de la réalité en faisant intervenir les puissances psychiques occultes. Les visiteurs pourront ainsi découvrir et apprécier nos milles et une stratégies pour accomplir une telle ou telle tâche administrative, ils apprendront enfin comment on s’y prenait jadis pour effectuer les sauvegardes de Mes Documents sur un disque externe, bref — tout l’art de relever individuellement les grands défis de notre époque sera exposé aux regards des visiteurs du futur qui sauront dès lors que la vie harmonieuse qu’ils ont le loisir de mener est le fruit d’anciennes pratiques motivationnelles extrêmes dont l’originalité et l’efficacité ne pouvaient tôt ou tard aboutir qu’à quelque chose de proprement monumental.

Cette idée de rentrer

Cette idée de rentrer est fort respectable, et cache peut-être même quelque chose de bien. Néanmoins, à se fier aux bribes de conversations glanées ici et là sur les aires de service, il n’est pas toujours évident de rentrer au bon endroit. De nombreuses personnes en font l’expérience en ce moment même : on a beau y mettre toute sa volonté, ça ne rentre pas. Par où faut-il passer ? Les épluchures de concombre que l’on a semées derrière soi en partant restent introuvables, les cartes mentales ont pris beaucoup trop de soleil, les panneaux Toutes Directions nous déroutent. Le monde est un rond-point géant au milieu duquel gît une très belle installation évoquant l’une de ces spécificités locales que l’on n’a pas eu le temps de visiter.

La Voie du Poulpe à l’Abat-Jour (Lyon) : 18 mai 2018

Nous avons le grand plaisir de vous proposer un nouveau rendez-vous avec le « Poulpe » : il aura lieu le vendredi 18 mai à la galerie L’Abat-Jour (33 rue René Leynaud, 69001, Lyon).

A l’approche de la période estivale, traditionnellement prometteuse d’une frivolité quelque peu suspecte et inconfortable, nous tenteront à nouveau de remettre un peu de consistance narrative au service du projet de l’authentique croissance culturelle commune. ​

Compte tenu du nombre limité de places (30), je vous remercie de me confirmer votre éventuel intérêt par email à l’adresse figurant sur l’affiche

«Désaboutissements» dans la revue La Piscine #2, Incidences / Coïncidences

« En ce moment, par exemple, l’épine dorsale me démange. Serait-ce lié au fromage de chèvre « Petit Prix » que j’ai mangé tout à l’heure ? À la facture de régularisation EDF reçue hier ? Difficile d’imputer une cause à un effet, de nos jours. Mais la tentation en reste grande, malgré tout, et se régénère chaque nuit comme cette espèce de coléoptère exotique dont ils parlaient dans l’émission du lundi. Ça commence par des picotements, puis ça se déplace vers le haut ou vers le bas. On dirait que les vertèbres communiquent, se transmettent des informations à mon insu. Devrais-je à nouveau essayer d’arrêter le lactose ? Il n’est pas exclu que quelque chose finisse par se passer, cette fois-ci, compte tenu de la situation… »

Lire la suite de « Désaboutissements » texte de Jindra Kratochvil, accompagné de la photo intitulée « Cochin, 2009 » de Thierry Clech, dans le numéro 2 de la revue La Piscine, incidences – coïncidences.
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