Kenny croit marcher

Kenny croit marcher dans ce qu’il prend pour une forêt, c’est comme un vidéo-clip bizarre où la lumière provenant des arbres se déforme en réaction à une présence étrangère, où des espèces de champignons inquiétants surgissent discrètement le long du sentier ; les pas de Kenny sont ambigus, lents et rapides à la fois, leur empreinte dans la mousse est aussitôt effacée par des miliards de micro-organismes dont l’élasticité et la temporalité nous échappent, les bruits de la croissance organique ont une patine de Yamaha DX7 passé par un module de synthèse granulaire, les feuilles vibrent jusqu’aux cœurs des troncs ; Kenny marche et ne voit rien, n’entend rien, persuadé d’être en train de ce qu’il appelle se promener, sa propre respiration lui paraît presque familière.

Je n’entends plus parler de l’immobilier

Je n’entends plus parler de l’immobilier. Qu’est-il devenu depuis ? Où est-il passé ? Il n’allait pas très fort il y a quelques temps, ai-je entendu dans une émission, ensuite il aurait, semble-t-il, « repris » sans plus de détails, puis finalement silence radio. Il y a de ces êtres qui parfois s’effacent de la grille des jours sans que l’on s’en aperçoive, qui se retirent des ondes, désactivent leur profil, puis le temps passe et remplit le vide qu’ils ont laissé. Enfin — tout ceci est d’une grande banalité, bien sûr, mais peut-être que la banalité non plus n’a pas spécialement l’intention de nous amuser éternellement ?