Les rues lyonnaises sont tellement étroites

Les rues lyonnaises sont tellement étroites que les façades des immeubles en viennent parfois à se coller les unes aux autres. En résulte une promiscuité immobilière et spatiale déroutante, surtout le matin : tout le monde se balade à poil chez tout le monde, plus personne ne sait où est passée sa cuisine, il faut encore et encore refaire du café, il n’y a plus d’aspirine nulle part.

Rue de la Tourette, numéro dix

À tous ceux qui ont l’intention d’emprunter la Rue de la Tourette (69001) : attention, s’il vous plaît, vigilance. Une catastrophe sanitaire et/ou verbale y est en gestation sous forme d’une bouteille de champagne posée simplement sans plus de précautions sur le rebord d’une fenêtre au deuxième étage, plus précisément au numéro dix, soit le trottoir de l’ouest, ensoleillé le matin et ombragé à cette heure-ci. Je l’ai vue de me propres yeux, deux fois rien qu’aujourd’hui, je l’ai vue résister au vent du sud-est, hésiter, résister encore, faire semblant même de vouloir y demeurer pour toujours tout en refoulant toutes sortes d’idées noires marquées par une irrésistible attirance pour le vide en dessous. Rue de la Tourette. Numéro dix.